Jean-Marc Governatori, battu mais pas abattu

© Image : Wikimedia Commons, montage : Louze
Malgré une défaite écrasante lors de la primaire écologiste de septembre, le conseiller municipal niçois de 62 ans s’est déclaré candidat à l’élection présidentielle vendredi 21 janvier. Un combat qu’il sait pourtant lui-même perdu d’avance.

Le scénario fait penser au sketch des Monty Python dans lequel le chevalier noir, bien que dépossédé de ses bras et de ses jambes après un duel sanglant avec le roi Arthur, refuse de s’avouer vaincu et poursuit vaillamment le combat. Jean-Marc Governatori se trouve à peu près dans la même situation. Non-content d’avoir fini dernier de la primaire écologiste en septembre avec le piètre score de 2,35 %, le conseiller municipal niçois de 62 ans en redemande. Il a annoncé vendredi sa candidature à l’élection présidentielle.

« Face à la désunion incroyable de la gauche qui choque le centriste que je suis, face à la stratégie de Yannick Jadot et EELV qui plombent encore l’écologie politique, face à la division des candidats éco-citoyens, face à l’absence de sujets capitaux et solutions audacieuses dans le débat présidentiel, j’ai décidé de me porter candidat à la présidence de la République », a-t-il fait savoir dans un communiqué, à moins de trois mois du scrutin.

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Mauvais perdant

Le candidat écologiste ne joue pas très collectif. En juillet dernier, il avait été disqualifié de la primaire écologiste, après que CAP21, le parti de l’ex-ministre chiraquienne Corinne Lepage, qui lui apportait 18 parrainages sur 28, avait été écarté du « Pôle écologiste », coalition de partis verts organisateurs de cette primaire. En cause : le refus de Corinne Lepage de s’engager par avance à soutenir le vainqueur de la primaire.

Le tribunal de Bobigny avait finalement demandé aux organisateurs de la primaire de valider la candidature de Governatori fin juillet, lui permettant de terminer à une peu glorieuse cinquième place, sur cinq candidats en lice. Mais plutôt que de faire profil bas et reconnaître sa défaite, Jean-Marc Governatori, mauvais perdant, avait assigné en justice l’association Union pour l’écologie en 2022, afin de contester son score qu’il juge « impossible ».

« On ne tombera pas plus bas. »

L’écologiste se défend aujourd’hui d’avoir trahi sa promesse de soutenir le candidat qui l’emporterait. « On s’est séparés d’un commun accord avec EELV », prétend Jean-Marc Governatori, interrogé par Louze. « Je ne voulais pas de Sandrine Rousseau comme présidente du conseil politique, c’était la condition pour que je participe. Et eux voulaient que je retire ma procédure judiciaire visant à démontrer que les résultats du premier tour étaient pipeau. J’ai refusé et par consentement mutuel, on a décidé de se séparer.»

Une version que refuse de commenter Hélène Hardy, membre du bureau exécutif d’EELV et co-présidente de la primaire des écologistes. Même réaction de la part de l’ex-candidate Sandrine Rousseau, contactée par Louze. « On ne tombera pas plus bas en politique », a-t-elle simplement glissé. Mais pour Jean-Luc Daumesnil, conseiller régional EELV d’Île-de-France et soutien de Yannick Jadot, « Jean-Marc Governatori a perdu à plate couture et n’a pas respecté son engagement, voilà tout ». Quant à l’idée d’un commun accord, elle « n’existe pas ».

Un combat perdu d’avance

Que peut réellement espérer Jean-Marc Governatori en se lançant solo dans la course à l’Elysée, alors qu’il n’a obtenu que 2501 voix à la primaire ? Pas grand-chose, de l’aveu même de l’intéressé. « Il est improbable que j’obtienne les parrainages, affirme-t-il sans complexe. Le 4 mars [délai pour recueillir les 500 signatures requises afin de se présenter à la présidentielle, ndlr], Jadot sera tout seul dans le domaine écologiste, avec Mélenchon. »

À tel point que le Niçois semble avoir déjà renoncé à obtenir l’approbation des élus. « J’espère passer dans beaucoup de médias d’ici le 4 mars et qu’en leur âme et conscience, ils prendront leurs responsabilités. Ils sont tout à fait habilités à me parrainer s’ils le souhaitent, mais je ne fais aucune démarche active pour avoir les parrainages », assume-t-il. Mais, comme le chevalier noir, Jean-Marc Governatori n’a pas dit son dernier mot : il se prépare déjà pour les élections législatives, auxquelles il sera candidat en juin prochain.

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