Au meeting d’Anne Hidalgo, chaises vides et désespoir

Samedi à Aubervilliers se tenait le premier grand meeting francilien d’Anne Hidalgo. Entre faible affluence et militants de la dernière heure, cette réunion avait tout d’un échec pour la candidate PS. 

Au milieu d’une zone industrielle de Seine-Saint-Denis, la catastrophe semblait inévitable. Au plus bas dans les sondages, Anne Hidalgo misait sur ce grand meeting en banlieue parisienne pour relancer sa campagne. Entre crise sanitaire et crise au PS, la candidate peine encore à mobiliser.

Quelques affiches ont été rapidement collées à l’entrée des docks d’Aubervilliers. Il est difficile d’imaginer, qu’ici, derrière ces grandes portes grises, se tient le premier « grand meeting » francilien d’Anne Hidalgo. 1 200 chaises ont été installées pour accueillir les militants ce samedi. À l’intérieur, tout est prévu pour animer le meeting : drapeaux et affiches « Hidalgo présidente » sont posés sur les chaises. Au milieu de la salle, trois grands écrans permettent de suivre la prestation de la candidate du Parti socialiste.

À LIRE AUSSI – « Jean-Marc Governatori, battu mais pas abattu »

« Au moins, on ne risque pas de créer un cluster »

À une demi-heure du début du meeting, le hall n’est même pas à moitié plein. Sur les visages, éclairés par des spots rouges, on peut déjà lire la déception. À l’extérieur, Mikaël attend, téléphone en main. «On est un peu au milieu de nulle part, c’était compliqué de venir, faut être motivé quand même pour faire le déplacement un samedi». Il textote et reprend : «mais là, c’est la honte, il y a vraiment personne, il reste une vingtaine de minutes, je ne suis pas serein du tout». Au fond de la salle, la plupart des chaises restent vides.  « Au moins, on ne risque pas de créer un cluster», s’amusent des militants avant de reprendre leur sérieux. « C’était important aussi pour ça de prendre une grande salle, il y a des personnes âgées, des personnes à risque, il faut pouvoir garantir leur sécurité ».

Le meeting commence finalement avec trente minutes de retard. Stéphane Troussel, président du département de la Seine-Saint-Denis et membre du PS, chauffe le public avant l’arrivée d’Anne Hidalgo. L’un des militants ironise : « si je tape fort dans mes mains, on a l’impression que l’on est plus nombreux ». Du coin de l’œil, il surveille l’arrière de la salle. « Ça va ça se remplit un peu quand même, on doit être 800 sur les 1200 chaises », ajoute-il. Deux jours plus tard, lundi 24 janvier, la candidate appuie ce chiffre sur RTL : « Ce meeting, en plein Covid a rassemblé 1200 personnes ». La salle était en réalité à moitié vide.

Au milieu de la prise de parole d’Anne Hidalgo, Yves sort fumer une cigarette. «C’est déprimant toutes ces chaises vides dans le fond de la salle, on voit les jours passer et c’est compliqué de mobiliser, on a tous les éléments contre nous», souffle le militant. « C’est difficile de rester motivé, moi j’ai du temps. Mais je pense à ceux qui ont des enfants… Quelque part, c’est une forme de sacrifice».

« Anne Hidalgo ou pas, moi je viens pour des idées »

À l’intérieur, malgré la déception, l’ambiance est au rendez-vous. La prestation de la maire de Paris est ponctuée de salves d’applaudissements. Aux moments les plus forts du meeting, comme à l’annonce de la suppression de Parcoursup, les partisans d’Anne Hidalgo se lèvent et scandent en cœur : « Hidalgo présidente, Hidalgo présidente, Hidalgo présidente ! ».

Ici, nombreux sont venus avant tout pour soutenir « la social-démocratie » ou le PS, comme Yakoley. «Anne Hidalgo ou pas, moi je viens pour des idées, pour un parti, puis c’est bien ça redonne de l’énergie voir des gens engagés, et on donne de la force à Hidalgo ». Ce militant de 50 ans s’agace. « Je ne suis pas déçue du meeting, je viens pour défendre des convictions ».

«On ne sait jamais, regardez DSK et Fillon»

Maria, enseignante de 33 ans, semble désabusée. « Ce n’est pas évident de rester motivée, la seule chose qui me fait plaisir, c’est de voir qu’il y a de tout. Des jeunes, des vieux, des femmes, des hommes », raconte-elle.

D’autres militants trouvent des motifs de satisfaction. «Je trouve cela assez rassurant, on est en pleine crise sanitaire, faut pas l’oublier, Hidalgo a un électorat assez responsable, c’est aussi une fierté de voir que le port du masque est respecté, que les gens se tiennent à distance», souligne l’un d’eux. Mais dans le fond, personne ne semble vraiment convaincu. « La victoire, je n’y crois pas… À moins d’un miracle ».  Ce jour-là, le plus optimiste des militants, misera sur un « on ne sait jamais, tout peut arriver. Regardez DSK en 2012 ou Fillon en 2017. Rien n’est joué ». À 3 mois de l’élection présidentielle, les sondages créditent Anne Hidalgo de 3 à 4% des voix au premier tour. 

Articles recommandés