Ils sont diplomates, adjoints de mairie ou même ingénieurs, mais tous suivent le même rêve : devenir président de la République. Sans moyens ni visibilité, ces « micros-candidats » tentent de faire campagne tout en sachant que seul un miracle pourrait les mener vers la victoire.
Dans la course à l’élection présidentielle, il y a d’abord les gros candidats : Marine Le Pen, Valérie Pécresse ou Jean-Luc Mélenchon pour ne citer qu’eux. S’ils se partagent le devant de la scène à quelques mois du scrutin, il existe également ceux que l’on appelle communément les « petits candidats ». Jean Lassalle, Philippe Poutou ou Nicolas Dupont-Aignan luttent pour obtenir les 500 parrainages et ainsi atteindre le premier tour de l’élection.
Mais il existe une dernière catégorie : les « micro-candidats ». Jamais cités dans les sondages, loin de réunir les précieux parrainages et sans véritable budget de campagne, ils sont pourtant candidats à la plus haute fonction de l’État. Mais comment faire campagne lorsque l’on a quasiment aucune chance de réussir ?
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Plusieurs dizaines de « micro-candidats »
À moins de trois mois de l’élection présidentielle, Gildas Vieira y croit. « Si j’obtiens les 500 parrainages, je deviens président de la République », ose l’adjoint au maire de Blois, qui s’est lancé le 16 août dans le pari fou d’atteindre l’Élysée. Inconnu sur la scène nationale, l’élu blésien, sans étiquette, a créé le mouvement citoyen La France autrement il y a quatre ans. C’est sous ce nom qu’il compte conquérir le cœur des Français.
Comme lui, plusieurs dizaines de candidats ont annoncé prendre le départ de la course à l’Elysée. C’est le cas de Philippe Furlan, 58 ans, habitant de Salins-les-Bains (Jura). En juin dernier, ce néophyte en politique a commencé à y réfléchir alors qu’il séjournait au centre de réadaptation de Pont-d’Héry. Atteint d’une maladie chronique, le Jurassien se dit victime de plusieurs problèmes administratifs liés à sa santé. C’est ce qui le motive à franchir le cap.
Des budgets très faibles
En raison de difficultés à se déplacer, Philippe Furlan organise sa campagne en ligne, depuis chez lui. Site internet, réseaux sociaux, live, cet ingénieur multiplie les supports et les contenus excentriques pour séduire les électeurs. Une stratégie qu’il partage avec Stéphanie Rivoal, également candidate à l’élection présidentielle. Elle compte aussi sur les réseaux sociaux pour se faire connaître. Cette ex-présidente d’Action contre la Faim et ancienne ambassadrice de France en Ouganda a par ailleurs lancé une quarantaine de podcasts politiques.
Il faut dire qu’avec un petit budget, tous les moyens sont bons pour se faire connaître. « On est à court de financements », déplore Gildas Vieira. Le candidat dispose d’une enveloppe de 80 000 euros, issus de participations citoyennes et d’emprunts personnels. C’est beaucoup plus que Philippe Furlan, qui n’a pu réunir que 2 000 euros, directement sortis de sa poche. Pour avoir un ordre d’idée, Emmanuel Macron a emporté la dernière élection avec un budget avoisinant les 16,5 millions d’euros. Jacques Cheminade, qui avait terminé dernier la même année, disposait d’une enveloppe de 412 000 euros.
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« Nous sommes des illuminés »
Par ailleurs, leur équipe de campagne n’a rien à voir avec celle des gros candidats. Difficile pour Philippe Furlan de rivaliser avec Eric Zemmour ou Yannick Jadot alors qu’il organise seul sa campagne chez lui. « Je fais tout moi même. Ça me prend 35 heures par semaine. Je travaille surtout le soir jusqu’à 22-23h parce que je fais beaucoup de live sur internet » raconte-t-il. Stéphanie Rivoal et Gildas Vieira ont un peu plus de moyens. Ils ont fait le choix de constituer un petit comité stratégique d’une dizaine de personnes et disposent de locaux pour organiser des réunions.
La plus grosse difficulté pour les candidats est surtout de se faire connaître. « En France, les télés nous boudent », déplore Gildas Vieira. C’est pour cette raison que ce natif du Congo Brazzaville de 57 ans a décidé de faire une tournée en Afrique, où il a publié un livre à 12 000 tirages. Le candidat cherche à mobiliser l’électorat franco-africain. « Chaque personne en Afrique connaît forcément une personne qui vote en France », justifie-t-il. « J’ai l’avantage d’être noir. Les personnes d’Afrique se reconnaissent en moi face à Zemmour. »
Dès lors qu’ils sont peu vus, les candidats ont peu de chance d’obtenir les 500 signatures requises pour participer au premier tour. Gildas Vieira sait d’ores et déjà que ce sera compliqué. « Je ne sais pas si on les aura. Peut-être que si on s’associe, on y parviendra », espère-t-il. Stéphanie Rivoal, elle, semble avoir déjà renoncé. « On n’aura pas les 500 signatures », avoue-t-elle.
Solenn Guyomard et Marius Bocquet